L'Orient le Jour: Dons d'organes : Des chefs religieux signent leurs cartes de donneur

Tuesday, May 31, 2016

LIBAN

Cette initiative vise à dissiper les idées préconçues qui entourent le don d'organes d'un point de vue religieux.

Nada MERHI | OLJ

31/05/2016

Hier, une nouvelle page a été tournée dans la sensibilisation au don d'organes. Des chefs religieux représentant les différentes communautés du Liban ont signé leurs cartes de donneur, dans une initiative visant à dissiper les idées préconçues qui entourent le don d'organes. Et pour cause : une grande majorité de l'opinion publique est convaincue que ce geste va à l'encontre des préceptes religieux, ce qui constitue un obstacle majeur à l'action du Comité national pour le don et la greffe des organes et des tissus (NOD Liban).

La signature des cartes de donneur s'est déroulée au cours d'une cérémonie organisée au Hilton Metropolitan en présence du ministre de la Santé, Waël Bou Faour, qui a signé lui aussi sa carte, du père Edgard Haïby, secrétaire général de la Commission épiscopale pour la pastorale des services de la santé (APECL), représentant le patriarche maronite, du père Georges Dimas, représentant le métropolite de Beyrouth, du premier juge du tribunal chérié, le cheikh Yehia Rafeï, qui était à l'origine de cette initiative, du cheikh Zouheir Kassouan, représentant l'uléma Ali Fadlallah, du cheikh Gandhi Makarem, représentant le cheikh Akl druze, du cheikh Saadallah al-Horchi, représentant le vice-président du Conseil supérieur islamique chiite, et du cheikh Bilal Moulla représentant le mufti de la République.

Étaient également présents les acteurs Nada Abou Farhat, Bernadette Hodeib et Charbel Ziadé qui ont pris part, aux côtés des acteurs Darine Hamza et Badih Abou Chacra, à une campagne médiatique de sensibilisation au don d'organes, placée sous le thème #sayitnow (« dis-le maintenant »). Cette campagne vise à pousser les personnes qui ont déjà signé leur carte de donneur à faire part de leur décision à leur famille.

Les chefs religieux qui se sont succédé à la tribune ont été unanimes : la religion, que ce soit le christianisme, l'islam ou le druzisme, ne s'oppose pas au don d'organes. Au contraire, elle l'encourage, à condition que cet acte soit « volontaire », « désintéressé », « gratuit » et « non sujet à un chantage affectif, psychologique, matériel ou autre ». Tour à tour, les chefs religieux ont exposé les préceptes de la communauté à laquelle ils appartiennent concernant le don d'organes. Ils ont aussi mis l'accent sur ce geste « noble » et « humanitaire » qui constitue « une forme de charité » et qui vise à « donner de soi » pour aider « l'autre ». Les chefs religieux étaient aussi d'accord sur le fait que la mort cérébrale doit être confirmée par des médecins, selon un protocole bien établi.

Diffuser l'information
Farida Younan, coordinatrice nationale à NOD Liban, a mis l'accent dans son intervention sur les obstacles qui entravent l'action du comité. Elle a insisté dans ce cadre sur la nécessité pour le gouvernement d'adopter le Programme national du don d'organes. Elle a expliqué que les expériences européennes et américaines, comme celles observées dans certains pays arabes, ont montré qu'un tel programme ne peut pas réussir et progresser sans le soutien du gouvernement. Farida Younan a également souligné la nécessité de promulguer les lois nécessaires pour accompagner le programme, comme débloquer les fonds nécessaires pour sa continuité.

« Cette initiative prouve qu'aucune religion ne s'oppose au don d'organes, ce qui n'était pas clair pour de nombreux fidèles », confie à L'Orient-Le Jour le Dr Antoine Stéphan, vice-président de NOD Liban. « La prochaine étape consistera à faire parvenir ce message à l'ensemble de la population, ajoute-t-il. Nous allons à cet effet coopérer avec les représentants des différentes communautés religieuses. Au Liban, nous avons près de 430 patients qui attendent un organe. Le problème de la pénurie de donneurs est universel, mais il est plus dur au Liban, car le don d'organes représente toute une culture qui nécessite un effort continu. Nous n'avons pas encore réussi à progresser dans ce cadre pour des raisons financières. J'espère que cette année, avec l'aide du ministère de la Santé, nous réussirons à dépasser ces obstacles pécuniaires. »