Dans l’attente du soutien de l’administration, un programme national qui boîte...

الجمعة, يونيو 2, 2017

DON D’ORGANES

Le sujet reste entouré au Liban de préjugés à tous les niveaux. Cette série d'articles bimensuels vise à faire la lumière sur les différents aspects de ce don de vie.

Nada MERHI | OLJ

Il y a quelques jours, le Comité national pour le don et la greffe des organes et des tissus (NOD Liban) a lancé sa campagne annuelle de sensibilisation, avec pour thème « Donnez la vie ». À juste titre, puisque ce don de vie reste encore timide au Liban.

« Les gens se mobilisent lorsque le cas d'un donneur est rapporté sur les réseaux sociaux ou dans les médias, souligne Farida Younan, coordinatrice nationale de NOD Liban. Dans ces cas, nous recevons les demandes de plusieurs centaines de personnes désirant faire leur carte de donneur. »

Tel a été le cas après le décès de Sara Sleiman. L'histoire de cette jeune fille, tuée par balles en mai dernier devant une boîte de nuit à Zahlé, avait ému les internautes, d'autant que la famille de la jeune femme avait décidé de faire don de ses organes.

Si ce cas, largement rapporté dans les médias – qui avaient alors enfreint la loi qui stipule que « le don d'organes doit rester anonyme » –, avait servi la cause pour une durée limitée (près de 1 500 personnes avaient demandé à faire leur carte de donneurs dans la semaine qui a suivi la tragédie), le but de NOD Liban est d'arriver à une situation où cette demande sera spontanée. Mais aussi de faire en sorte que le programme national du don d'organes soit une priorité pour les autorités concernées. 

Au Liban, plus de 600 patients sont inscrits sur la liste d'attente nationale. Ils attendent de recevoir un rein, un cœur ou un foie. Certains meurent avant même d'avoir reçu la greffe. « La pénurie des organes est un problème universel, explique le Dr Antoine Stéphan, vice-président de NOD Liban. Au Liban, il est plus ressenti en raison de la rareté du don après la mort. » En effet, le nombre des donneurs a atteint cinq respectivement en 2015 et en 2016, contre neuf à onze donneurs par an entre 2011 et 2014. Depuis le début de l'année en cours, cinq familles ont consenti à faire don des organes de leur proche décédé.

Pourquoi donc cette réticence au don d'organes ? Certains l'imputent à l'absence de « la culture du don ». D'autres au « tabou religieux ». Certes, il y a une matière à développer à ce niveau-là. Le vrai problème reste toutefois, selon les responsables à NOD Liban, le manque de volonté politique à soutenir le programme national.

« Le don d'organes ne peut réussir s'il n'obtient pas le soutien inconditionnel de l'administration, affirme le Dr Stéphan. En effet, il exige non seulement un budget important, versé régulièrement et sans retard, mais aussi une législation ferme et adéquate pour encourager tous les hôpitaux et leur personnel concerné à participer activement au projet. » Actuellement, de nombreux hôpitaux refusent de collaborer avec le programme.

Après la fin de la mission de l'équipe espagnole, en 2013, au terme de trois ans de travail dans le cadre d'un programme de coopération hispano-libanais, le budget alloué au programme national a été coupé pendant près de deux ans et demi. Faute de ressources financières, NOD Liban a dû réduire ses activités de formation continue et de chercher à survivre pour maintenir le programme.

L'année 2017 semble toutefois constituer un tournant. L'État a enfin versé au programme une partie du budget qui lui était alloué. Et les autorités concernées semblent vouloir assurer sa pérennité en prenant les actions nécessaires dans ce sens, à commencer par la promesse de signer dans les plus brefs délais le décret qui encadre le travail de NOD Liban avec les hôpitaux.