Solidarité Sociale
Le ministère espagnol des Affaires étrangères finance pour une nouvelle année le programme d’assistance technique au Comité national pour le don et la greffe des organes et des tissus (NOOTDT).
Le concept de la mort dans la médecine moderne
Faits et chiffres
La sensibilisation au don d’organes au Liban commence à porter ses fruits, de l’aveu du Comité national pour le don et la greffe des organes et des tissus (NOOTDT) qui note qu’en 2011, les organes de huit donneurs sur dix (les chirurgiens ont refusé de transplanter les organes de deux donneurs parce qu’ils étaient âgés de plus de 60 ans) ont pu sauver la vie de 22 personnes ayant reçu un rein (15 patients), un coeur (six patients) ou le foie (un patient). « En 2010, nous avions eu un donneur sur l’ensemble de la population, explique le Dr Antoine Stephan, président du NOOTDT. En 2011, nous avons eu le consentement de dix familles. Le nombre des alertes relatives à de potentiels donneurs s’est aussi élevé pour dépasser les 1400 alertes. Ces chiffres montrent que le peuple libanais est sensible au don d’organes plus que nous ne le pensions. »
L’amélioration constatée dans ce secteur est essentiellement due à une meilleure approche acquise par les professionnels de santé concernés au cours des deux dernières années. Une formation qui se poursuivra cette année encore et qui s’inscrit dans le cadre d’un protocole de coopération entre le gouvernement espagnol, représenté par l’Agence espagnole internationale pour le développement et l’Institut espagnol pour la donation et la transplantation (Donation and Transplant Institute – DTI), d’une part, et le gouvernement libanais, représenté par le ministère de la Santé et le NOOTDT, d’autre part. Initialement lancé pour un an, ce protocole a été prorogé une première fois en 2010, puis récemment en novembre 2011. « La première année a permis de mettre en application les outils et les stratégies nécessaires pour améliorer le don d’organes dans treize hôpitaux », explique Maria Paula
Gomez, directrice médicale de la Fondation Donation and Transplant Institute et coordinatrice du projet, lors d’une visite récente au Liban. Au cours de la deuxième année, une évaluation des résultats sur la manière dont les outils et les stratégies ont été appliqués au sein de ces hôpitaux a été menée par l’équipe espagnole. De même, douze nouveaux hôpitaux ont été inclus. « Dans certains établissements, les résultats sont fascinants, insiste le Dr Gomez. Les résultats observés depuis le coup d’envoi de ce protocole de coopération montrent que le Liban est prêt à mettre en place ce genre de procédures et que les patients inscrits sur la liste d’attente peuvent avoir enfin un organe. » Le Dr Gomez explique par ailleurs que la prochaine étape consistera à recruter davantage d’établissements de manière à couvrir un plus grand nombre de régions libanaises. « Nous poursuivrons aussi la formation des spécialistes concernés, précise-t-elle. Nous estimons que les médecins dans les unités de soins intensifs sont les personnes-clés pour développer et appliquer le processus du don d’organes au sein de l’hôpital. Par ailleurs, nous mettrons en place un registre national des patients inscrits sur la liste d’attente et de la distribution des organes. »
Réseau méditerranéen pour la transplantation Pour cette troisième phase, le gouvernement espagnol débloquera environ 100 000 euros. Le gouvernement libanais doit pour sa part participer au financement du projet. « Nous essayons d’inciter le ministère de la Santé à augmenter sa part de contribution au budget pour pouvoir faire évoluer les choses, fait remarquer le Dr Stéphan. Le peuple libanais est sensible à l’idée, mais il nous manque le budget nécessaire pour continuer à promouvoir le don d’organes, à former les professionnels de santé dans ce secteur et à convaincre les responsables dans les hôpitaux de la nécessité de déployer de plus grands efforts et de consacrer un plus grand budget pour obtenir des organes. Nombreux sont les établissements hospitaliers qui se dotent d’unités de transplantation. Cela est certes impressionnant, mais ces unités ne peuvent pas fonctionner si on n’a pas d’organes. Il est donc important de consacrer une partie du budget alloué à la transplantation pour les acquérir. » Pour ce faire, le NOOTDT et l’équipe espagnole misent sur l’éducation. « Nous allons créer au Liban le Mediterranen Transplant Network (Réseau méditerranéen pour la transplantation), note dans ce cadre Marti Manyalich, directeur du programme Transplant Procurement Management (TPM). Ce réseau rassemblera tous les pays méditerranéens qui vont mener des actions susceptibles de faire développer la transplantation. » Au nombre de ces actions, la mise en place d’un programme intitulé « Essentials in Organ Donation » (Les principes de base du don d’organes). Il s’agit d’un atelier de travail de cinq sessions sur les procédures à suivre dans les hôpitaux pour améliorer le don d’organes. « Ce projet est partiellement soutenu par le gouvernement italien, précise le Dr Manyalich. Ces ateliers de travail s’inscrivent dans le cadre du programme “European Training Program in Organ Donation” (Programme européen pour la formation au don d’organes). Dans les pays où ce programme a été mis en place, le taux du don d’organes a augmenté de 27 %. »
Meilleure approche
Au Liban, le don d’organes s’est amélioré « dans les hôpitaux où les professionnels de la santé sont enfin convaincus qu’ils peuvent influencer les familles », fait remarquer le Dr Stephan. « Ils pensaient à tort qu’il leur était très difficile d’aborder le sujet avec les familles, poursuit-il. Ils avaient peur d’une réaction agressive de leur part. Les médecins ont fini par découvrir que lorsqu’on prend bien soin de la famille et que cette dernière est convaincue que tous les efforts ont été déployés pour aider leur patient et les aider, il était plus facile de leur demander de faire don des organes de leur malade. La chose la plus importante reste donc l’approche et l’accompagnement des familles. »
Et le Dr Manyalich de renchérir : « Le taux le plus élevé de donneurs se trouve au Portugal, en Espagne et en Croatie avec 30 donneurs pour un million d’habitants, suivis de la France et de l’Italie avec 25 donneurs pour un million d’habitants. Dans ces pays, ce sont les spécialistes dans les unités de soins intensifs qui sont en charge du don d’organes. Ces médecins ont l’habitude de travailler avec des patients en état critique ou en fin de vie. Ils ont les compétences nécessaires pour aborder les familles. Les médecins qui doivent réaliser les transplantations ne doivent pas être impliqués dans le processus du don d’organes, d’autant qu’ils peuvent avoir un intérêt personnel. C’est ce qui doit se faire au Liban aussi. Le but essentiel et principal est de faire de son mieux pour sauver le malade. Le don d’organes vient à une étape très ultérieure, lorsque rien ne peut plus être fait. » Pour plus d’informations ou pour remplir une carte de donneur, appeler le NOOTDT aux 05/955902, 05/955903, 03/532908, ou visiter le site Web du comité à l’adresse : www.nootdt.org